dimanche 13 juin 2010

Lieu Vivant/ Marta Petreu




«Je suis l’étranger. Celui qui promène/ comme un chien en laisse/son corps vivant »
N’attendez pas de Marta Petreu une révolte dans le langage même de la poésie, celle d’un Gherasim Luca ou d’un Isou, vous serez déçu. Essayiste (1) et poète roumaine, Marta Petreu débute dans le cercle de la « Génération 80 ». Un mouvement littéraire qui ne se proposait pas de démolir la tradition littéraire, mais de construire une nouvelle littérature, un nouvel idéalisme. La poète ne suit pas le trajet du mouvement. Sa poésie en ligne claire, en harmonie avec le langage, crache une révolte métaphoriquement retournée contre un dieu absent, un père mort, une vie d’insomniaque solitaire, « dans cet abattoir perpétuel/d’êtres lucides et parlants ». Une langue électrique, qui secoue et bouleverse, une voix rauque qui oublie les manières, impudique et cruelle, envahie par des éléments durs, le charbon, le sang, le sperme, la sueur. Un immense cri, qui sublime un univers poétique scandaleux d’humanité.

« Je suis un humain. Je suis vivant. Je suis vivante. Je suis

un lieu vivant lucide

qui a atteint sa plénitude. Sa limite. Ici il y a de place

pour le désespoir. La dévoration. L’autodévoration.

La rédemption est exclue. Un point c’est tout »

Que dire ?

1. Nombreux essais littéraires et philosophiques dont un sur Cioran, Un passé mal vu ou la transfiguration de la Roumanie ; un sur Ionesco, Ionesco dans le pays du père.

(Publiée dans Regards)

Marta Petreu, Poèmes sans vergogne, traduits du roumain par Odile Serre, Alain Paruit & Ed Pastenague, éd. Le temps qu’il fait, 13,30 €

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